Le Regroupement des organismes communautaires et alternatifs en santé mentale du Bas-du-Fleuve

L’approche alternative

L’approche alternative en santé mentale

L’approche alternative est au cœur des actions du Regroupement des organismes communautaires et alternatifs en santé mentale du Bas-du-Fleuve (ROCASM-BF). Elle se caractérise par une autre vision des problématiques en santé mentale, une autre manière d’accueillir la souffrance émotionnelle où les personnes sont considérées à travers leur histoire personnelle, leur contexte et les réalités auxquelles elles font face. L’alternative remet en question la culture biomédicale axée sur la maladie plutôt que sur la santé. Elle questionne la culture sociale centrée sur la productivité et la performance individuelle.

Le mouvement social alternatif en santé mentale et le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale sont ancré dans le mouvement communautaire autonome et propose un « ailleurs » et un « autrement ». L’alternative se situe ailleurs que dans le réseau médical ou des barrières psychologiques qui entourent le domaine de la santé mentale, et autrement, que par la prescription de médicaments. On y retrouve des pratiques telles que l’entraide ou la gestion autonome de la médication. L’alternative en santé mentale croit que la solidarité et la participation à une communauté favorisent le mieux-être et que chaque communauté a un potentiel actualisant pour les personnes.

L’approche alternative est portée par tous les membres du ROCASM-BF à travers le respect des sept principes de base de l’alternative qui sont les suivants : l’accueil de la personne, l’appropriation du pouvoir, la participation à la vie associative, les rapports participants-intervenants, les rapports avec les institutions du réseau public, l’engagement social et politique ainsi que l’entraide ou les rapports entre participants.

1. L’accueil de la personne

L’alternative propose d’accueillir la personne de façon humaine, personnalisée et chaleureuse. Cette approche valorise le respect de l’intégrité, la dignité et les droits de la personne. Nous travaillons à partir d’une conception globale de la personne, c’est-à-dire qu’au-delà des problèmes qu’une personne éprouve, il y a un être humain avec une histoire. Cela implique qu’on ne travaille pas à partir du diagnostic psychiatrique. Le rapport avec la ressource doit être volontaire.

2. L’appropriation du pouvoir

L’alternative encourage le respect du pouvoir que la personne possède sur elle-même. En fonction de son rythme, nous permettons à la personne de se réapproprier le pouvoir sur elle-même, sur sa situation, sur son environnement, etc. L’une des conditions essentielles est d’informer la personne des possibilités qui s’offrent à elle et de l’encourager à se responsabiliser par rapport à ses choix.

3. La participation à la vie associative

L’alternative favorise l’implication de la personne dans sa communauté. Elle encourage la personne à participer activement à la vie démocratique de la ressource, à l’appropriation de son statut de citoyen à part entière dans sa communauté.

4. Les rapports participants-intervenants

L’alternative travaille à promouvoir des relations égalitaires entre intervenants et participants de façon à éviter le plus possible la hiérarchie, la bureaucratie et les rapports de domination entre les personnes qui fréquentent la ressource et les intervenants. L’alternative reconnaît l’égalité des personnes en tant qu’êtres humains, mais également dans un contexte professionnel où il est important de respecter un code d’éthique.

5. Les rapports avec les institutions du réseau public

L’alternative se définit comme un mouvement social autonome porteur d’un « ailleurs et autrement » en santé mentale. L’alternative entretient des collaborations et des alliances librement consenties avec des établissements du réseau public.

6. L’engagement social et politique

L’alternative se définit comme un mouvement de transformation sociale et politique: non pas uniquement comme un distributeur de services. L’alternative, c’est ainsi d’intervenir dans la société et de s’impliquer politiquement vers le développement social.

7. L’entraide ou les rapports entre participants

L’alternative favorise le partage d’expériences, l’entraide et la solidarité entre les personnes possédant le même vécu (détresse émotionnelle, souffrance, histoire de psychiatrisation, etc.). L’alternative considère que l’expérience de la folie, le vécu de la souffrance, le passage par l’hôpital, etc. constituent des formes de savoir qui peuvent être utiles aux autres.